Pour bon nombre d’entre nous, le chamanisme évoque une sorte de pratique rituelle ancestrale et exotique. Un statut réservé à des « êtres médecine » vêtus de toutes sortes de plumes ou de peau de bêtes, qui font résonner le son des tambours autour d’un feu, sous une pleine lune complice.
En d’autres termes, on ne s’attend pas à croiser une chamane au cœur de notre jungle urbaine, avec un accent qui chante les cigales du sud de la France et au langage bien trempé de ses habitants.
Ghislaine Duboc, chamane des temps modernes, nous invite à dépoussiérer notre vision du monde. Elle nous propose une approche déroutante qui redonne place à la sagesse ancestrale au sein même de nos réalités contemporaines. C'est avec une grande humilité que nous plongeons dans cet univers mystérieux qui ébranle nos certitudes et fait vaciller nos repères.
Un chamanisme à l'occidental
« Chaque être humain possède en lui une sensibilité qui lui permet d'ouvrir une passerelle vers la réalité ». Ghislaine réveille le chamane qui dort en chacun de nous et précise que le chamanisme n'est pas une pratique réservée à une élite spirituelle mais plus un état de conscience qui sommeille en nous tous.
Dans notre société dite hyperconnectée, la chamane nous rappelle la définition même du verbe connecter : être en lien. Une douce invitation à nous reconnecter à l’autre, à la nature, à tout le vivant qui nous entoure mais aussi à une profonde réflexion sur le modèle aliénant de notre société.
En plaçant l’individu au centre du tout et non faisant partie d’un tout, en lui imposant de maîtriser son environnement plutôt que de s’y adapter, force est de constater que le modèle actuel déconnecte surtout l’être du vivant plus qu’il ne le connecte.
Le chamanisme occidental, est alors une sensibilité, un positionnement, un état de conscience, qui ne passe pas nécessairement par des rituels codifiés et encore moins par des costumes ou des attributs traditionnels. C'est avant tout un accueil neutre et bienveillant du vivant qui permet de renouer avec l'essentiel, au-delà des barrières culturelles, sociales ou cognitives.
Les cercles chamaniques
« Le chamanisme est une danse, une célébration de la vie ». Or, cette danse, au sein et en communion avec le vivant ne saurait se danser seul. Elle se partage, elle se vit, se ressent par la connexion. Pour Ghislaine, le chaman est alors un intermédiaire entre le visible et l’invisible, et non un guide spirituel. Il invite, suscite et accompagne ce lien, cette relation au tout.
Des rencontres sont proposées sous l’appellation de « cercles » recréant ainsi plus facilement la notion de tribu, le sentiment d’appartenance à un groupe. Ces cercles sont autant d'occasions pour chacun de se reconnecter à la vie qui nous entoure et nous traverse. Se reconnecter au groupe, à l’autre, à soi. Ressentir ses émotions, ressentir son environnement et ainsi trouver sa place dans ce grand tout.
Le chamanisme, une réponse à la crise ?
En réponse à la crise écologique et sociale que nous traversons, pour Ghislaine les solutions n’émergeront pas de nouvelles technologies ou de quelconques avancées scientifiques qui ne visent qu’à plus de contrôle sur la nature, l’humain, le vivant.
Il est temps de retrouver notre place au sein d’un cercle vivant qui nous entoure et nous constitue en adoptant une posture plus humble et respectueuse de la vie sous toutes ses formes. Un retour à nos sources et donc à cette connexion naturelle indispensable à une harmonie écologique et sociétale.
Si ce n’est une solution miracle, le chamanisme ouvre à un profond changement de perception. Or, si nous regardons les nombreux enjeux de notre époque à travers cette vision chamanique du monde, nous comprenons et ressentons même l’urgence de la situation : « La terre brûle, les gens souffrent ».
Le chamanisme, une philosophie de vie
Ghislaine nous rappelle ainsi que le chamanisme, loin d'être une pratique ésotérique, est avant tout une philosophie de vie, basée sur le respect et la cohésion du vivant.
Un positionnement dans le monde qui invite à l'humilité, à la simplicité et à l'authenticité. Des valeurs qui, aujourd'hui plus que jamais, semblent indispensables pour faire face aux nombreux défis de notre monde actuel.
En conclusion, cette rencontre avec Ghislaine Duboc résonne comme une mémoire ancestrale à garder les pieds sur terre et le cœur ouvert. Un appel à ne pas perdre de vue notre essence originelle, malgré le chaos et les tumultes actuels.
Une merveilleuse invitation à retrouver notre âme d'enfant et sa capacité naturelle à s’émerveiller, à vibrer, à vivre pleinement l'instant présent. Une piqûre de rappel, en somme, à être pleinement humains.
